par Raphael Glucksmann (*)
Un match d'élection n'apporte pas au printemps. Ni en hiver. Le jour Brexit et l'élection de Trump, un vent de pessimisme soufflait en Occident: le tsunami ethnikolaikistiko semblait invincible, la Marine Le Pen soit gagner ou a noté un taux si élevé qu'il serait impossible pour la France de gouverner et en Europe réformé. C'était un "signe".
Après les élections et la victoire de Macron, le climat s'est inversé. Le jeune roi de France travaillerait avec le chancelier d'acier inoxydable d'Allemagne pour rétablir l'UE, restaurer l'idée démocratique et sauver la planète. C'était un "signe".
Et pourtant! Le dernier retournement vient d'où l'Allemagne, moins que l'Allemagne, attendait un modèle de stabilité politique sans populisme, un pays de consensus élevé et un faible taux de chômage qui semblait être vacciné par l'extrémisme. Le résultat décevant mais d'Angela Merkel, la montée de l'Alternative pour l'Allemagne et les perspectives de constitution d'une coalition avec les libéraux et les Verts qui les séparent viennent de rappeler à tous que les démocraties occidentales ne peuvent pas sont morts, mais toujours malade restent.
Dans Kantid, le Panglus optimiste et le Marthe pessimiste sont les deux faces du même déni de la réalité. Ni le déclin n'est fatal ni le progrès inévitable. Il n'y a qu'un seul monde chaotique, auquel nous devons travailler et lutter.
Deux explications ont été avancées pour faire la lumière sur les résultats des élections allemandes. L'un est la crainte de l'autre: Merkel a sauvé le prix de l'Europe en ouvrant la porte à un million de réfugiés et à l'AfD sur la base de ces 90% de sa campagne. L'autre explication a trait à ceux qui ont laissé derrière eux le «miracle allemand»: les gouvernements allemands successifs ont cherché une réduction massive du chômage aux dépens d'une augmentation tout aussi massive des travailleurs pauvres.
Mais il y a aussi une troisième façon de lire ces résultats, qui s'ajoute aux deux autres sans les nier: l'impossibilité d'avoir une île. L'Allemagne n'est plus une exception. La crise des démocraties libérales ne s'arrête pas à ses frontières. Depuis 70 ans, les souvenirs du nazisme ont protégé l'Allemagne contre les phénomènes anti-parlementaires. Cela n'arrive plus. L'histoire a en quelque sorte pris l'Allemagne hors du monde. Mais le pays y revient aujourd'hui et devient un pays comme tout le monde. Et les élites berlinoises se rendent compte que si elles ne bougent pas rapidement, tout peut être remis en question.
"Là où le danger grandit, il y a danger que le salut grandisse aussi", écrit Hellerlein. Certes, prendre ce risque en compte à l'approche. Espérons que Merkel connaît ses poètes.
(*) Raphael Gulman est un chroniqueur de la revue L? Obs
Source: L'Obs)